Estando Jesús en Betania, en casa de Simón el leproso, y sentado a la mesa, vino una mujer que traía un frasco de alabastro con perfume puro de nardo, muy caro; rompió el frasco y derramó el perfume sobre la cabeza de Jesús… (Mc 14, 3-9)

Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux. Pendant qu'il était à table, une femme entra, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le versa sur la tête de Jésus... (Mc 14, 3-9)

3 de febrero de 2011

Les yeux voilés - Los ojos velados

Hacía varios días que aquello rondaba Edi, pero fue ese lunes que se levantó con un peso sobre los hombros y en el ánimo: “nada va bien”, se dijo, mirándose en el espejo. Evidentemente, la jornada se pasó en esta pesadez. Edi se sentía embotado, el alma al borde del llanto; nostalgias de ciertos rostros desaparecidos de su vida; Blandina, la nueva compañera de trabajo, lenta y un poco corta; el cielo gris; el muro en que se había convertido su oración… Edi arrastró los pies a lo largo de las horas de este lunes. Por la tarde, sentía que todo aquello iba a desbordarse. Fue entonces cuando se encontró con su amigo Alberto…

- Hola, Alberto, ¿qué tal estás? ¡Hace mucho que no nos vemos!

- ¡Hola, Edi! Bueno, yo no estoy en uno de mis mejores momentos… Pero, ¿y tú?

Y Edi le contó todos sus pequeños problemas, sus estados de ánimo; Alberto escuchaba, e intentó hacerle ver las cosas desde otro punto de vista. Fue el turno de Edi de escuchar esas palabras que le devolvían un poco la confianza en sí mismo.

- Gracias, Alberto… Es cierto que a veces me ahogo en un vaso de agua, pero… ¿Y tu? ¿Qué me cuentas?

- Algo poco agradable. Mañana me voy a casa de mi hermano. No sé si te dije que está enfermo… Bueno, el final se acerca a grandes pasos. De todas formas no voy a poder quedarme mucho tiempo, porque mi mujer está a punto de ser despedida del trabajo… la crisis, como te puedes imaginar, y…

Y mientras Alberto hablaba, Edi escuchaba como en un remolino. Los rostros desaparecidos, el de Blandina, el cielo gris, el muro de la oración… todo desaparecía arrastrado por la vergüenza; porque sus estados de ánimo le habían velado los ojos e impedido mirar más allá de la punta de su nariz. En el rostro cansado de Alberto brillaba una pequeña sonrisa sincera.

- De todas formas, Edi, estoy contento de haberte visto, aunque sólo haya sido un momento. Cuando vuelva te llamo, y nos tomamos algo, ¿te parece?

Edi volvió a su casa arrastrando los pies. Si la vida de cada uno es una gama de grises, la de Alberto viraba más bien al negro. Mientras calentaba su sopa al microondas, una oración sin palabras brotó de su interior: intercesión por Alberto, su hermano y su mujer; acción de gracias por todos aquellos que son capaces de sonreír y se ocupar de los otros incluso en medio de su dolor; ofrenda de su propia vergüenza; acogida del perdón de Dios…




Il y avait quelques jours que cela rôdait Edi, mais ce ne fut que ce lundi qu’il se leva avec cette lourdeur : « il n’y a rien qui aille », se dit-il, en se regardant au miroir. Et bien entendu, la journée se déroula lourdement. Edi se trouvait ralenti, la larme à l’âme ; nostalgies de certains visages disparus de sa vie depuis longtemps ; Blandine, la nouvelle collègue de travail, lente et un peu sotte ; le ciel gris ; le mur qu’il trouvait à la prière… Il traîna ses baskets tout au long des heures de ce lundi pas du tout au soleil. Le soir, il sentait que cela allait déborder. C’est alors qu’il retrouva son copain Albert…

- Salut, Albert, comment vas-tu ? Il y a un moment qu’on s’est pas vus !

- Salut, Edi ! Ben, moi ça va pas trop ; et toi, comment ça va bien ?

Et à Edi de lui raconter tous ses petits malheurs, et à Albert de l’écouter, d’essayer lui faire voir les choses d’un autre angle. Alors à Edi d’entendre ces paroles qui lui rendaient un peu la confiance en lui-même.

- Merci, Albert… Oui, c’est vrai que parfois je me noie dans un verre d'eau… Mais, et toi ? Quoi de neuf ?

- Pas très la joie –répliqua- Demain je pars chez mon frère. Je ne sais pas si je t’ai dit qu’il est malade… Bon, maintenant on arrive à la fin. Mais je ne peux pas rester longtemps là bas, parce que ma femme est sur le point de se faire virer du boulot… la crise, vois-tu ? Je ne peux pas non plus la laisser seule en ce moment, et…

Et pendant qu’Albert parlait, Edi écoutait comme dans un vertige. Les visages disparus, celui de Blandine, le ciel gris, le mur de la prière… tout disparaissait emporté par la honte ; parce que ses états d’âme l’avaient voilé les yeux et empêché de voir au-delà de son nez. Sur le visage fatigué d’Albert étincelait un petit sourire sincère.

- En tout cas, Edi, je suis content de te voir, même si ce n’est qu’un instant. Je t’appelle quand je serai rentré, ça te dit ? On pourra se prendre un verre ensemble, et discuter tranquillement.

Edi rentra chez lui, toujours traînant ses baskets. Si la vie de tout un chacun est une nuance de gris, celle d’Albert virait plutôt au noir. En réchauffant sa soupe, une prière sans paroles déborda de son cœur : intercession pour Albert, son frère et sa femme ; action de grâces pour ceux qui sont capables de sourire et de prendre soin des autres même au milieu de son malheur ; offrande de sa propre honte ; accueil du pardon de Dieu…

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